Discours du 10 mai 2015

discours du 10 mai 2015 Seyssins

Discours du 10 mai 2015 à Seyssins

 

Commémoration « Journée des mémoires et de la traite négrière,

de l’esclavage et de leur abolition »

Madame la député de l’Isère,

Madame la conseillère régionale en Rhône-Alpes,

Madame la conseillère départementale du canton Seyssinet-Fontaine,

Madame Josiane de Réggi adjointe au maire,

Monsieur Michel Baffert conseiller municipal délégué aux droits de l’Homme,

Messieurs les Présidents des associations d’anciens combattants,

Mesdames et Messieurs  les Présidents d’associations et institutions en charge de politiques éducatives et mémorielles,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

Le livre sur l’esclavage et ses abolitions est ouvert depuis bien longtemps.

Il retrace les grandes périodes de l’esclavage du 16ème siècle jusqu’à la première abolition en 1789 lors de la révolution française.

L’abolition de l’esclavage n’est pas intervenue comme cela, au hasard d’un jour de 1848. Elle est le résultat d’un long processus et elle a bénéficié  de la révolution de 1848 réintroduisant la République en France.

Victor Schœlcher (auquel la Ville de Seyssins a dédié cette place d’ailleurs) est un grand humaniste du 19ème siècle. Nous devons de toute évidence reconnaître sa prise de position dans ce combat contre l’esclavage.

Cependant, n’oublions pas que sans la résistance des esclaves eux-mêmes depuis la terre d’Afrique jusqu’aux terres d’Amérique, l’abolition n’aurait pas été possible. De nombreux hommes ont lutté tout au long de cette page sombre de l’histoire pour obtenir leur liberté. J’en appelle à des hommes tels que  Louis DelgrèsJoseph IgnaceCyrille Bissette et à des femmes telles que  la Mulâtresse Solitude.

Le 10 mai 2001, la proposition de loi de Christiane Taubira est votée. La loi « reconnait l’esclavage comme crime contre l’humanité ». Elle prévoit que les programmes d’histoire leur accordent « la place qu’ils méritent ».

Ce n’est que  le 10 mai 2006 qu’a eu lieu la première célébration nationale officielle« journée des mémoires et de la traite négrière, de l’esclavage et de leur abolition » sur le sol Français. Nous vivons aujourd’hui la 10ème commémoration.

On entend  parfois dire : « l’esclavage et la colonisation ont été positifs. Ils ont produit de belles  choses ».

De grâce mesdames, messieurs n’allez pas donner raison aux tenants de cette théorie. Certes, elle a permis la construction d’immeubles, d’hôpitaux, quelques infrastructures… Mais l’esclavage et la colonisation prennent racine dans le racisme et la notion de la supériorité des races. Un tel système ne peut être que le fruit  de souffrances de toutes sortes : ces souffrances ont été physiques, psychologiques et les stigmates sont encore présents dans les populations issues de cette histoire.

D’ailleurs, Aimé Césaire disait qu’il ne fallait pas confondre civilisation et colonisation.

Il existe également une polémique d’historiens et d’hommes politiques sur le contenu du Code Noir. Certains affirment que ce livre avait été rédigé pour protéger l’esclave des excès de son maître. D’autres pointent les horreurs décrites par ce code. Rappelons quoiqu’il en soit que la France a été le premier pays et l’un des seuls d’ailleurs à codifier et donc à reconnaitre officiellement, à légitimer de manière étatique  cette abomination puisque le Code Noir a été signé par le Roi Louis XIV lui-même.

Cette journée nationale est nécessaire.  Elle œuvre à la prise en compte de l’histoire de France dans sa totalité. Même si la vision de cet esclavage n’est pas la même selon l’histoire de chacun, il est important que nous nous réunissions pour dire non à cette abomination inqualifiable.

A travers cette journée comme disait  Césaire : « une question est posée et posée personnellement : ou bien se débarrasser du passé comme d’un fardeau encombrant et déplaisant qui ne fait qu’entraver notre évolution, ou bien l’assumer virilement, en faire un point d’appui pour continuer notre marche en avant. Il faut opter. Il faut choisir.

 

Pour nous, le choix est fait. Nous sommes de ceux qui refusent d’oublier. Nous sommes de ceux qui refusent l’amnésie même comme méthode. Il ne s’agit ni d’intégrisme, ni de fondamentalisme, encore moins de puéril nombrilisme. Nous sommes tout simplement du parti de la dignité et du parti de la fidélité».

 

Le Président de la République François Hollande est actuellement en Guadeloupe pour inaugurer le 1er monument dédié dans l’Outre-mer Français à la mémoire collective de l’esclavage et de la traite. Il s’agit du plus ambitieux lieu de mémoire jamais dédié à l’esclavage. Le Mémorial ACTe sera un lieu pour apprendre, se recueillir, rechercher une histoire désormais commune à l’humanité. Ce sera un lieu symbolique fort.

Aujourd’hui une organisation a comptabilisé 35,8 millions d’hommes de femmes et d’enfants réduits en esclavage. «L’esclavage moderne est encore présent dans plus de167 pays».

Cette journée sert aussi à dire non à l’avenir à tous types d’esclavages, même à ceux que l’on dit modernes, professionnels ou domestiques.

Nous sommes réunis ici, Place Victor Schœlcher, pour dire que tout homme est homme, et que sa liberté est importante, qu’il faut la respecter. A chaque fois que l’homme est opprimé, il doit résister et refuser la négation de sa dignité.

Merci.

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